Doctorant en Sciences Économique

Projet de thèse
Direction : Nathalie Havet

Modélisation des mécanismes d’adoption et de sélection de nouveaux services de mobilité basés sur des véhicules intermédiaires à architecture modulable

Mots clés libres : Véhicule intermédiaire ; Architecture modulable ; Économie comportementale ; Système produits-services ; Mobilité ; Innovation

En France, le secteur des transports contribue fortement aux émissions de gaz à effet de serre et aux polluants atmosphériques. Une grande partie de ces externalités négatives provient du trafic routier dû au transport de personnes et de marchandises. Par conséquent, la transition mobilitaire est un enjeu majeur de la Stratégie Nationale Bas-Carbone 2, qui vise une décarbonation complète des transports terrestres à l’horizon 2050. Face à une prise de conscience accrue des impératifs de durabilité, les systèmes de mobilité doivent proposer des solutions innovantes, plus respectueuses de l’environnement et capables de satisfaire les besoins des usagers. Les véhicules intermédiaires à architecture modulable (VIM), qui se situent entre le vélo classique et la voiture particulière, offrent une combinaison de flexibilité technique et fonctionnelle. Ils représentent des alternatives moins polluantes, économes en énergie et en espace, et plus abordables que les véhicules thermiques principalement utilisés pour les déplacements courts et la logistique urbaine. Toutefois, les VIM restent peu présents dans nos écosystèmes de mobilité et cette émergence implique un questionnement préalable à leur déploiement, car les bénéfices attendus en matière d’environnement, d’économie et d’aménagement du territoire demeurent hypothétiques. De plus, l’absence de standardisation des véhicules, des règles de circulation et de stationnement, ainsi que leur caractère modulable, constituent autant d’éléments susceptibles d’influencer leur adoption à grande échelle. En conséquence, ces innovations ne se limitent pas à un simple développement de produits, mais participent à une transformation profonde des modèles de services de mobilité, où la co-création de valeur entre usagers, opérateurs et collectivités devient un enjeu central. Les usagers peuvent orienter l’offre de service par une demande croissante de personnalisation, tandis que les pouvoirs publics peuvent influencer leur adoption en définissant des cadres réglementaires et incitatifs. Cette thèse propose ainsi une compréhension approfondie des dynamiques socioéconomiques qui sous-tendent l’adoption, l’utilisation et le déploiement des VIM. Elle explore comment ces innovations hybrides produit-service peuvent transformer durablement les systèmes de mobilité pour soutenir la planification écologique des transports et cherche à éprouver la capacité de la modularité à favoriser leur adoption. Trois axes de recherche seront développés. D’abord, nous projetons d’interroger les théories standards de l’économie comportementale et de développer un cadre intégré pour étudier les interactions entre les dimensions macros, mésos et micros de l’écosystème, capable de combiner l’impact des perceptions individuelles, des politiques publiques de transport et des caractéristiques de l’environnement spatial et infrastructurel. Nous proposons ensuite d’examiner empiriquement les déterminants d’adoption et d’utilisation de nouveaux systèmes produits-services (PSS) basés sur les VIM. Une analyse qui s’appuiera sur un cadre théorique multi-niveau, un important travail de production de données et l’articulation de méthodes d’évaluation contingente et d’enquêtes de préférences déclarées. Enfin, nous évaluerons les impacts systémiques de l’introduction de nouveaux PSS de VIM dans l’écosystème de mobilité, en identifiant et en mesurant les externalités associées à leur déploiement, notamment à travers des simulations multi-agent. Cette thèse se caractérise par son ambition de concevoir un cadre théorique unifié pour évaluer l’adoption des innovations en mobilité, l’accent mis sur une solution émergente et la combinaison d’explorations micro-comportementales et macro-systémiques. Elle vise à éclairer les acteurs publics et privés sur les leviers stratégiques activables, pour encourager l’adoption de mobilités susceptibles de soutenir une transition écologique des transports cohérente et harmonieuse.